Première expérience de bêta-lecture

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La Bêta-lecture de « La Litanie du Train » a été une expérience… intéressante, disons.

Ce fut long. Très long. Pour être honnête, je crois bien avoir passé plus de temps sur la relecture que sur le premier brouillon. Plusieurs raisons à cela.

D’abord, c’est compliqué de trouver des bêta-lecteurs. C’est bien normal après tout : la bêta-lecture est un vrai boulot, qui exige de lire un texte de manière concentrée, d’en relever les problèmes de forme et de fond, de les retranscrire sur le papier. C’est long, c’est pas si facile que ça en a l’air et pour en avoir déjà fait sur de courts textes, ça exige de vraies compétences. Pour toutes ces raisons, peu de personnes sont prêtes a se lancer là-dedans.
(Ou du moins, peu de personnes sont prêtes à se lancer là-dedans gratuitement. Malheureusement, une vraie bêta-lecture professionnelle coûte très cher, et je n’ai simplement pas les moyens)

J’en ai tout de même trouvé, et je ne pourrai jamais assez les remercier. Dire que « La Litanie du Train » n’aurait pas été le même récit sans eux est une évidence : entre le premier brouillon et le manuscrit final, j’ai réécrit entièrement trois chapitres, rajouté un prologue, modifié plusieurs scènes et fait un nombre incalculable de petites corrections stylistiques. Ces bêta-lecteurs m’ont permis de transformer un brouillon en une véritable histoire. Surtout, ils m’ont permis d’arriver à un résultat dont je sois fier et ça, c’est vraiment le plus important pour moi.

La bêta-lecture est un travail difficile parce qu’il exige de faire preuve en même temps de lucidité et d’humilité et de fait, il exige de ne pas sombrer dans les deux caractères typiques de l’auteur.
Le premier caractère, c’est l’auteur persuadé que son récit est parfait et qui voit la moindre modification comme un couteau de couteau dans les poumons, et la moindre critique comme une insulte personnelle.
Le deuxième caractère, c’est l’inverse. Le type qui s’excuse d’être venu sur Terre et prend la moindre remarque au centuple (« le personnage manque de vie ? JE DOIS TOUT REECRIRE »).
Dans une certaine mesure, je crois que ces deux caractères sont présents chez tous les auteurs. Or, dans une phase de bêta-lecture, il faut être capable de différencier quelles sont les critiques valables qui doivent amener une modification, et quelles sont celles que l’on peut écarter sereinement. C’est pas une gymnastique facile et pour être honnête, je ne suis pas certain d’y être arrivé. J’avais notamment reçu une critique sur la conclusion que j’avais dans un premier temps décidé d’écarter, avant de revenir sur cette décision quand la même critique a été formulée par un deuxième bêta-lecteur. Au final, je pense que c’était une bonne décision, mais je n’en suis évidemment pas sûr.

C’est d’ailleurs l’avantage d’être bêta-lu par plusieurs personnes : ça permet de « trier » les critiques, d’écarter les moins solides et de repérer celles qui font l’unanimité. Si vous avez 5 bêta-lecteurs et que quatre trouvent que vos dialogues sont plats et artificiels, vous pouvez être à peu près sûr qu’il va falloir revoir cette partie.
Ça pose d’ailleurs la question : quel est le nombre idéal de bêta-lecteurs ? Et évidemment, la réponse est : ça dépend.
Un seul bêta-lecteur n’est à mon avis jamais suffisant, notamment pour la raison mentionnée ci-dessus, le fait de pouvoir comparer les critiques pour évaluer celles qu’il faut absolument prendre en compte et celles qui peuvent être écartées.
Au-delà de ça, ça va dépendre avant tout de la qualité des bêta-lecteurs. Deux peuvent suffire si leurs relectures sont extrêmement riches et détaillées et s’ils sont prêts à relire vos nouvelles versions. Sinon, il en faudra d’autres qui seront capables de remarquer ce que d’autres n’auront peut-être pas noté.
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir plus de cinq bêta-lecteurs. Avoir trop de critiques peut rendre la phase de bêta-lecture confuse et personne ne veut ça.
Une ultime remarque : toute cette partie à propos du nombre de bêta-lecteurs ne considère que des personnes objectives. Vous pouvez faire lire votre manuscrit à votre famille ou vos amis, mais ne les comptez pas parmi vos « bêta-lecteurs ». Ils sont simplement un point de vue supplémentaire qui peut être intéressant mais ne peut jamais se suffire à lui-même.

J’ai quand même appris énormément durant cette période, et je suis à peu près certain que le premier brouillon de mon prochain roman sera déjà beaucoup plus propre que celui de « La Litanie du Train ». Et ça, c’est cool.

2 réflexions sur « Première expérience de bêta-lecture »

  1. Je viens de lire « La litanie du train ».
    Il m’arrive de servir de bêta-lecteur. C’est pour moi un exercice contraignant car ce n’est plus de la lecture et qu’en plus, en face, il y a toutes les chances que les remarques soient mal prises et que ça ne serve à rien. J’ai l’impression de perdre mon temps alors que je ne le fais que si j’ai une réelle admiration pour un récit. Mon souhait ne tient qu’à améliorer l’écriture.
    Pour La litanie du train, j’avoue que mon côté bêta-lecteur avait commencé à prendre le dessus dès les premières lignes mais, heureusement, le côté lecteur a repris le dessus et j’ai tout lu dans la foulée.
    Dans le monde surchargé de l’auto-édition, il est rare de faire de vraies belles découvertes. Votre nouvella en a été une. Je vais tenter d’en faire la pub à mon petit niveau.
    Je remercie donc l’auteur et tous ses bêta-lecteurs qui ont abouti à ce petit chef-d’oeuvre.
    V9V

    1. Merci beaucoup pour ce commentaire qui me va droit au coeur (vraiment, je ne sais même pas quoi dire d’autres, si ce n’est que ça me fait extrêmement plaisir).

      Bonne soirée,
      Eric

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