Le Révizor – Nicolas Gogol

J’aime beaucoup Nicolas Gogol. C’est un auteur qui a —légitimement— sa place parmi les plus grands auteurs russes classiques (bien qu’il soit en fait ukrainien), mais qui se démarque en même temps de ses compères Tolstoï, Dostoïevski et autres Lermontov. Gogol est plus saillant, plus original, et en même temps plus tendre. Son histoire artistique est tragique, entre une fascination pour Pouchkine qui virait au ridicule léchage de bottes et une descente dans le délire qui l’aura empêché de finir son oeuvre maîtresse, Les Âmes Mortes.

Ce n’est d’ailleurs pas de ce livre (au demeurant excellent) que je veux vous parler aujourd’hui. Non, je vais vous parler du Révizor.

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La boîte à outils de l’auteur indépendant

Le but de cet article est de lister tous les outils qui peuvent être utiles à l’auteur indépendant, qu’il s’agisse d’écriture, de marketing, de correction, d’outils de blogging ou que sais-je encore. L’article sera modifié dès que je découvrirai ou qu’on me fera découvrir un nouvel outil que je considère comme utile.

L’objectif final, c’est d’arriver à une liste régulièrement mise à jour qui puisse permettre aux auteurs qui commencent dans le monde de l’autoédition de connaitre rapidement les logiciels les plus intéressants.

Sans plus tarder, commençons !

Ecriture

Scrivener : véritable carton aux USA, encore peu connu en France, Scrivener est un logiciel d’écriture spécifiquement fait pour la rédaction de textes longs (qu’il s’agisse de romans, de pièces de théâtre ou de papiers de recherche). Le très gros avantage par rapport à Word, c’est la possibilité de découper son texte en plusieurs fichiers (par exemple par chapitre, ou même par scène à l’intérieur d’un chapitre) que l’on peut ensuite déplacer, fusionner ou redécouper. C’est vraiment génial pour vérifier le rythme du récit, s’il n’y a pas un chapitre trop court par rapport à un autre, ou inversement. Avec Scrivener, vous pouvez aussi insérer des commentaires, permettant de continuer à écrire en notant les maladresses pour une correction ultérieure.
Je vous ai cité là deux des fonctionnalités dont je me sers le plus, mais il y en a des tonnes. De plus, Scrivener vous permet de compiler votre fichier en une immense variété de formats, dont l’epub et le mobi. Vraiment pratique.
https://www.literatureandlatte.com/
Payant (40$)

Antidote : sans doute le meilleur logiciel de correction orthographique et grammaticale.  Bon, c’est vrai, il est cher (plus de 100 balles), mais c’est un investissement que vous ne regretterez pas. En plus de son correcteur ultra performant (que vous pouvez insérer à Word -mais pas à Scrivener, dommage-), il dispose d’une pelleté de dictionnaires, dont un fantastique dictionnaire de synonymes extrêmement précieux au jour le jour.
http://www.antidote.info/
Payant (119€)

Lexique des règles typographiques : une bonne connaissance de la typographie est indispensable pour obtenir un manuscrit final qui ne hurle pas « autoédité ». Je vous recommande ce bouquin, très clair et bien fait, mais il y a beaucoup d’ouvrages ou de sites traitant du même sujet.
http://amzn.to/1mn1pwe
Payant (16€)

Formatage

Sigil : voilà LE logiciel de modification de fichiers epubs. Il est gratuit, open source et très puissant. Encore mieux, grâce à son interface WYSIWYG (What You See Is What You Get, ce que vous voyez est ce que vous obtenez), vous pouvez vous en servir sans aucune connaissance en code. C’est un logiciel quasi-indispensable pour obtenir un fichier « propre ».
https://github.com/user-none/Sigil
Gratuit

Calibre : surtout un logiciel destiné aux lecteurs, il peut quand même être utile à l’auteur notamment pour convertir un fichier epub modifié avec Sigil en mobi, pour une publication sur Amazon.
http://calibre-ebook.com/
Gratuit

Ebook Flight Deck : ce site internet vous permet de vérifier votre fichier (epub ou mobi) afin de savoir s’il sera accepté par les différents distributeurs (Amazon, Kobo, Apple, et d’autres). S’il y a un problème avec le fichier, il vous indique de quoi il s’agit. Si le site considère que le fichier sera refusé par un distributeur, il vous indiquera pourquoi et comment le corriger. Ca pourra vous sauver des heures de galère à vous demander pourquoi ce foutre-dieu de satané fichier ne passe pas. Seul bémol, c’est payant. A 25$ par fichier (que vous pouvez ensuite modifier et soumettre à nouveau gratuitement) c’est pas non plus scandaleux et en tout cas moins cher que 99 % des sites qui proposent le même type de service.
https://ebookflightdeck.com/
Payant

Autres

Le site de l’AFNIL : c’est là que vous pourrez demander et obtenir des numéros ISBN, indispensable chez un certain nombre de distributeurs pour publier votre livre. Et par rapport aux ricains qui doivent payer une centaine de dollars pour obtenir ces numéros, chez nous c’est gratuit !
http://www.afnil.org/

Mention : c’est important pour un auteur de savoir ce qu’il se dit de lui dans les méandres de l’internet. Malheureusement, la solution de choix pour faire ça, Google Alerts, est d’extrêmement mauvaise qualité et loupe 80% des trucs qui pourraient vous intéresser. Mention, lui, est redoutablement efficace. Il pourra repérer votre nom et/ou le titre de votre livre sur des sites bien sûr, mais aussi sur Twitter, sur des PDF, sur des pages en flash et bien d’autres. C’est un modèle freemium, la version free devrait vous suffire (j’espère, parce que les versions payantes sont ridiculement chères)
web.mention.com
Freemium (en gratuit, une alerte et 250 mentions par mois)

Fiverr : un site américain qui offre une énorme myriade de services, tous au prix de 5$ (d’où le nom, et oui). Ca peut être très pratique si vous désirez une couverture qui ait l’air professionnel, mais que vous ne voulez pas dépenser des centaines d’euros (pour info, la couverture de « La Litanie du Train » a été faite par ce biais). Autre possibilité, les cartes de visite à l’effigie de votre bouquin pour faire un peu de marketing.
https://fr.fiverr.com/
Payant (5$ pour le service de base, peut grimper si vous en voulez plus)

 

Vous en connaissez d’autres ? N’hésitez pas à me l’indiquer ci-dessous en commentaires, ou par mail, ou sur twitter, et je l’ajouterai !

L’homme qui s’évada

Albert Londres – L’homme qui s’évada (1927)

« L’homme qui s’évada » n’est pas seulement un de ces longs articles-récits dont Londres, grandiose voyageur autant que journaliste, a le secret. C’est aussi l’histoire d’un scandale judiciaire -celle de la condamnation à tort d’un homme au bagne guyanais- et de l’implication du journaliste, qui va aller au delà de son travail de reporter et qui va retrouver Eugène Dieudonné, lui faire cracher l’histoire de son évasion et remuer ciel et terre pour obtenir son acquittement par les autorités françaises.

En soi, c’est déjà une histoire intéressante, que ce soit l’évasion elle-même ou la partie brésilienne, avec les imbroglios diplomatiques entre les autorités brésiliennes et françaises. Mais le défaut de cet article est qu’il ne s’attarde pas vraiment sur le bagne lui-même, ce qui fait que, lu à part, il peut faire un peu léger. Je vous recommande donc hautement de lire en premier l’excellentissime autre article de Londres intitulé « Au Bagne », qui vous donnera une bien meilleure compréhension de la situation dans laquelle se trouvait le pauvre Dieudonné et du pourquoi il voulait tant s’échapper. Ces deux articles brossent un portrait passionnant d’une partie du système pénal français de l’époque, ainsi que des hommes qui la peuplent.

Dans le même genre, je vous encourage aussi à lire la très bonne nouvelle de Somerset Maugham sur un bourreau au sein du bagne guyanais, intitulé (en VO), « An official position ».

L’homme qui s’évada

Au Bagne

An official position

[Cette critique a été reprise de mon compte SensCritique. Vous pouvez retrouver tout mes avis à cette adresse]

 

Le Péril Bleu

Maurice Renard – Le Péril Bleu (1912)

On ne va pas se mentir: quand j’ai attaqué « Le péril bleu », je n’attendais absolument rien d’un roman de SF écrit par un français en 1912. Ca sentait le bouquin déjà pas fantastique à la base, et qui aurait vieilli aussi bien qu’une tartine de rognons de porcs laissés un siècle au soleil. La seule raison pour laquelle je me retrouvais à lire ce livre était d’avoir acheté l’intégrale de l’auteur pour 2€ dans un marché de livres d’occas’.

Eh mais tiens, je viens juste de tilter: ce roman a tout juste 101 ans !

Peu importe. Je disais donc que je n’étais pas franchement optimiste quand à la qualité du bouquin. « Le Péril Bleu » raconte une intervention extraterrestre dans la campagne française du Bugey (non, moi non plus je ne connaissais pas avant), qui commence comme une mauvaise blague, avec le vol de râteaux et la destruction de potagers, mais vire au beaucoup moins drôle avec l’enlèvement d’animaux puis d’humains.

Ouais, ça sent le truc naze, hein ?

Ben en fait c’est pas mal. J’ai trouvé l’ambiance très bien posée, avec une graduation progressive dans les destructions qui se ressent comme une montée en puissance (en plus de nous faire constamment nous interroger sur l’identité des mécréants), et qui rend le tout beaucoup plus crédible quand l’histoire vire au quasi-apocalyptique. Le tout se passant dans la France de la belle époque, c’est assez rafraîchissant et agréable à suivre.
Le fait d’avoir réussi à adopter une ambiance par moment très sombre est d’autant plus fort que le roman adopte parfois un ton satirique, principalement au travers du personnage de Tiburce, « sherlockiste » complètement con qui permet à l’auteur de se foutre ouvertement de la gueule de tous ceux qui pensent que le héros de Conan Doyle peut fonctionner dans la vraie vie. J’ai beaucoup apprécié.

« Le Péril bleu » m’a bien plu, mais je reconnais que j’ai quand même beaucoup plus à dire sur ses défauts que sur ses qualités. Le problème le plus évident concerne le scénario, et notamment la provenance des extraterrestres. Autant en 1912 la « théorie » du bouquin était peut-être crédible, autant un siècle plus tard on se demande si l’auteur nous prendrait pas un peu pour une buse, des fois. C’est impossible à avaler et forcément, ça gâche un peu le truc.

L’autre problème… n’en est pas vraiment un, en fait. C’est un problème dans le sens que ça donne un énorme sentiment de déjà-lu, mais c’est surtout un témoignage très intéressant du climat littéraire de l’époque.
Le « problème », c’est donc qu’on sent que Maurice Renard est écrasé sous le poids de deux grands auteurs de l’époque, j’ai nommé Jules Verne et Edgar Allan Poe. L’influence des deux romanciers est tellement palpable, que ce soit dans le style, dans les thèmes (sérieux, Renard nous fait plus ou moins un « Vingt mille sous les mers inversé, même la fascination du sous-marin est là), ou même dans certains passages (je veux bien être pendu si Renard n’a pas pompé le chapitre de l’ascension d’un des personnages dans le cosmos sur la nouvelle de Poe qui traite plus ou moins de la même chose) qu’on en vient à se demander si on est vraiment en face d’une oeuvre originale. Bon ok peut-être pas à ce point là, mais ca reste la première fois dans ma vie littéraire que je vois transparaître l’influence d’autre auteurs dans le travail d’un romancier de manière aussi limpide.

Que dire d’autre… ah oui. Si l’ouvrage peut sembler assez… progressiste (dieu que ce mot est moche) dans sa vision des extraterrestres, la fin apporte une touche de xénophobie qui m’a beaucoup fait marrer mais qui fait quand même un peu tâche. Fin qui est aussi d’une mièvrerie assez ridicule (après avoir fait pleuvoir les cadavres -non, sérieusement-, toute la famille des deux héros qui avait été enlevée par les extraterrestres rentre saine et sauve).

Le Péril Bleu

Les aventures de Sherlock Holmes

Vingt mille lieues sous les mers

Aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaall

[Cette critique a été reprise de mon compte SensCritique. Vous pouvez retrouver tout mes avis à cette adresse]